Pas
mal de monde autour de moi s’inquiète de cette expédition sur les pentes de
l’Everest et j’entends tout et n’importe quoi sur le nombre de morts, les
causes d’accidents ou de décès, aussi une petite recherche pour savoir de quoi
on parle s’imposait et pour rassurer tout le monde (et surtout ma chérie…).
D’abord,
avant de parler de mortalité, parlons de fréquentation. Un pourcentage s’il
n’est pas rapporté à un nombre ne veut pas dire grand-chose.
La fréquentation
de l’Everest
Difficile
de trouver des chiffres récents sur le nombre d’alpinistes qui ont gravi
l’Everest. On y arrive à travers les statistiques sur le taux de réussite de
l’ascension qui sont publiés par «l’ himalayan database » (que je
recommande pour les fous de chiffres).
En
2012 : depuis les premières expéditions des années 50, 19.121 personnes
avaient séjourné au camp de base pour se lancer à l’assaut du toit du
monde, 6.206 alpinistes ont atteint le sommet (dont environ 300 femmes), soit
un taux de réussite de 32%. Les 2/3 des alpinistes ayant tenté l’Everest ont
échoué. Certains y sont mort…
L’ascension
de l’Everest a connu trois phases :
De
1950 à 1970 avec la période des grandes expéditions. Hitler avait envoyé
plusieurs expéditions pour vaincre le toit du Monde et servir sa propagande
mais toutes ont échouées. Il faut attendre 1950 à 1953 pour que plusieurs
grandes expéditions de plusieurs centaines de personnes avec des tonnes de
matériel et de vivre s’attaquent à l’Everest jusqu’à la 1ère du 29
mai 1953 de Edmund Hillary et
Tensing Norgay.
Mon frère et moi avons eu l'extraordinaire privilège de rencontrer à Namche Bazaar au "Liquid Bar" Jamling Tensing Norgay, le fils du 1er homme ayant gravit l'Everest. Il revenait tout juste d'une ascension de l'Island Peak (un 6.000) et venait assister comme nous à la diffusion du film "Sherpa" qui racontait l'avalanche de 2014 et la grève des sherpas qui s'en est suivie. Myke, mon frère, était au camp de base de l'Everest lors de cette situation inédite où les expéditions ont été annulées.
De
1953 à 1970, le nombre d’alpinistes à tenter le sommet est très faible,
quelques cordées seulement et très peu atteignent le sommet.
Mon frère et moi avons eu l'extraordinaire privilège de rencontrer à Namche Bazaar au "Liquid Bar" Jamling Tensing Norgay, le fils du 1er homme ayant gravit l'Everest. Il revenait tout juste d'une ascension de l'Island Peak (un 6.000) et venait assister comme nous à la diffusion du film "Sherpa" qui racontait l'avalanche de 2014 et la grève des sherpas qui s'en est suivie. Myke, mon frère, était au camp de base de l'Everest lors de cette situation inédite où les expéditions ont été annulées.
![]() |
Photo Antoine Bousquet & Myke Ge - Mai 2017 |
De 1970
à 1990 ce fut une période de transition avec une augmentation des expéditions,
quelques dizaines chaque année. La première expédition française, dirigée par
Pierre Mazeaud, atteint le sommet le 15 octobre 1978, je m’en souviens, ça
avait fait grand bruit à l’époque. La première française atteindra le sommet le
5 octobre 1990, c’est Christine Janin avec qui j’ai eu la chance, le privilège
de dîner un soir à côté d’elle, un dîner avec Catherine Chabaud, Christine Ockrent et Bernard Kouchner, la veille du
départ de la route du rhum en 1998, 15 jours après la naissance de mon fils
Geoffroy, quelle femme extraordinaire, pas bien grande, mais quel dynamisme,
quelle passion dans ses yeux… On ne
croise pas tous les jours des personnes aussi particulières, puissantes,
exceptionnelles… J’ai encore l’impression que c’était hier ! On peut voir la photo de Christine Janin au sommet de l'aiguille du Midi parmi celles des plus grands alpinistes du monde...
De 1950 à 1989 2.560 alpinistes ont tenté le sommet, seulement 219 ont réussi, soit 8,55% de réussite.
Ce
taux de réussite n’a cessé de progresser au fil des années grâce aux progrès
techniques, à l’équipement des voies, à l’organisation des expéditions… Pour la seule année 1990 il est passé à 18% de succès avec 72
alpinistes au sommet sur les 400 qui ont tenté leur chance.
Et
enfin, à partir de 1990 l’exploitation touristique du sommet avec chaque année
des centaines d’alpinistes qui se lancent à l’assaut de l’Everest. L’Everest
est devenu un business, faisant même de Lukla le 2ème aéroport du
Népal par la fréquentation. Voir mon article sur Lukla, un des aéroports les
plus dangereux du monde…
Un
business qui fut la cause de compétitions malsaines (sujet repris dans le film
« Everest ») entre les agences d’alpinisme, de pollution du fait des
tonnes de matériels et d’ordures abandonnées dans les camps de base,
d’accidents et de décès causés par un
manque de préparation des alpinistes amateurs en quête d’exploits…
![]() |
Everest Base Camp Mai 2017 - Antoine Bousquet and Myke Ge (my brother) |
A la
fin des années 2000, début des années 2010 l’Everest a connu une période folle
et totalement excessive. Ce fut le temps du plus jeune au sommet (2010, 13
ans), du plus vieux (80 ans), de la descente en surf de ses pentes, de son
ascension en courant (16 heures), et surtout de files d’attente interminables
au sommet causant de graves accidents. Une folie ! Quand on voit la photo
(mai 2012, camp de base N°4), de la file d’attente au départ du camp de base d’attaque
(8.000m) on n’a vraiment pas envie de s’y mêler et de retrouver l’ambiance des
quais de Seine depuis que la dictateure (pardon, la maire) de Paris a fermé les
voies sur berge.
En mai 2018, pendant que j'étais là bas, un népalais de 85 ans, Min Bahadur Sherchan, a essayé de battre le record du plus vieil homme au sommet. il n'a pas dépassé le camp de base où il est mort, et de ce fait n’intégrera pas les statistiques des morts de l'Everest qui ne comptabilisent que les victimes au delà du camp de base. Un Néo zélandais de 49 ans est mort d'une embolie cérébrale a quelques centaines de mètres de Lobuche (4.900m), il était seul, rejoignait le camp de base où il devait retrouver son expédition, ce qui souligne une fois de plus qu'il ne faut jamais partir seul dans ce genre de périple même si on est super entraîné.
Au même moment, Kilian Jornet, l'ultraterrestre, battait un nouveau record hallucinant en gravissant deux fois le sommet de l'Everest dans la même semaine, sans oxygène, à l'ancienne (en style alpin, sans se servir des cordes posées).
2018 fut une saison meurtrière avec plus d'une dizaine de morts, dont Ueli Steck, un des meilleurs alpinistes suisse, tombé (1.000 m de chute) sur le Nuptse vers 6.000m lors d'une course acclimatation. Le 24 mai, quatre corps furent découverts morts de froid dans une tente à côté du camp IV (vers 7.900m). Le médecin américain Roland Yearwood et Vladimir Strba trouvèrent la mort dans la zone de mort, au dessus de 8.000m. L'alpiniste indien de 27 ans Ravi Kumar est mort en redescendant du sommet... A tous ces morts au dessus du camp de base, il faut ajouter les décès intervenus avant le camp de base et là, il n'y a pas de chiffres, pas d'articles dans les journaux, les morts sur l'aéroport de Lukla, le plus dangereux du monde (voir mon article) où quelques jours après notre départ un avion s'est encore craché, deux morts! Certaines années l'aéroport de Lukla tue plus que l'Everest !
Pour
la seule année 2012, 547 alpinistes ont atteint le sommet, sur 976 qui se sont
élancés du camp de base, soit 56% de réussite. L’Everest est devenu un boulevard où toutes
les cordées se lancent en même temps à l’attaque du sommet créant une file
indienne interminable après le camp de base N°4 du col sud.
Il
existe deux fenêtres de tir de quelques jours chacune pour se rendre au sommet,
l’une fin mai, l’autre en octobre, aussi durant ces quelques semaines, c’est
l’embouteillage dans les camps de base et dans les couloirs, une des cause de
bon nombre d’accidents. Dans les années 90 environ 60 à 120 personnes
atteignait le sommet chaque jour dans ces fenêtre de tir de quelques jours, en
2011 / 2012 c’était plus du double.
Depuis
ces excès, l’état népalais essaye de contrôler
l’affluence sur les pentes de l’Everest pour éviter cette surpopulation.
Il a aussi lancé plusieurs campagnes pour évacuer les ordures, déchets,
matériels abandonnés qui borde le tracé. Il a très considérablement augmenté
les permis de trekker et le permis d’ascension de l’Everest, ce dernier étant
désormais de 18.000 $. Le coût de l’ascension de l’Everest pour un alpiniste
est désormais autour de 70.000 $, 40%
plus cher qu’il y a 10 ans. Ça peut en refroidir certains. En 2018 l'état Népalais a limité à 300 le nombre de permis de grimper l'Everest.
En
mai 2012, le 100ème français depuis l’ascension de Pierre Mazeaud en
1978, a atteint le sommet.
Donc,
dernier chiffre connu, environ 1.000 alpinistes transitent par les camps de base
chaque année et 50 à 60% atteignent le sommet.
La Mortalité sur
l’Everest
Evidemment,
ce n’est pas le mont Cassel dans les Flandres ou le géant de Provence, le Mont
Ventoux, ni même le Mont-Blanc, c’est l’Everest ! Un des plus beaux
endroits du monde mais aussi un des plus dangereux. A son sommet, vous êtes à l’altitude d’un jet
commercial. La prochaine fois que vous prenez l’avion, amusez-vous à regarder
la température en fonction de l’altitude sur les télévisions de bord et vous
comprendrez vite les difficultés auxquelles sont confrontés les alpinistes. Bon
nombre d’entre eux y ont laissé la vie, et certains – plus chanceux – seulement
un ou plusieurs orteils, ou un nez et quelques doigts si on retient l’aventure
de Beck Weathers, un miraculé, « Laissé pour mort à l’Everest »
racontée dans le film « Everest ».
Puisque l'on parle lecture, je vous recommande aussi le roman "100.000 dollars pour l'Everest", d'Yves Ballu qui a lu ce blog et m'a contacté ensuite, un honneur ! Il est pour ma génération ce que Frison Roche a été pour celle de mes parents.
Puisque l'on parle lecture, je vous recommande aussi le roman "100.000 dollars pour l'Everest", d'Yves Ballu qui a lu ce blog et m'a contacté ensuite, un honneur ! Il est pour ma génération ce que Frison Roche a été pour celle de mes parents.
L’altitude
est la première variante du taux de mortalité. Plus on monte, plus le taux de
mortalité augmente, c’est logique car plus on monte, plus le MAM fait des
dégâts, plus il fait froid… Il redescend après 8.500m car on y reste pas
longtemps et comme il fait très froid, il y a moins d’avalanches (1ère
cause de mortalité) et de chute de pierres ou de séracs.
Tableau
ci-dessous décrivant les taux de mortalité selon l’altitude pour tous les
sommets de l’Himalaya (et seulement l’Himalaya, pas l’Annapurna). En bleu les
alpinistes occidentaux, en rouge les sherpas.
Il
est difficile d’avoir des chiffres exacts pour le seul Everest. Le chiffre qui
revient le plus souvent sur les sites sérieux est que de 1953 à Août 2015, 282 personnes
sont mortes sur les pentes de l’Everest (dont 169 alpinistes
occidentaux et 113 sherpas). Ca ne comprend pas toutes les cordées d’Hitler et
les autres qui ont tenté l’aventure avant. Ces chiffres ne comprennent pas les
morts au camp de base et en dessous, seulement celles intervenues dans
l’ascension finale. Sur ces 282 morts, 102 étaient des alpinistes tentant de
grimper le sommet sans bouteilles d’oxygène, occasionnant des troubles de
conscience entrainant des chutes.
La
plupart des cadavres au-delà du camp N°IV sont toujours dans la neige. Le tracé
final pour le sommet est bordé de nombreux cadavres, certains servent même de
points de repère aux alpinistes. Voir en fin d’article, si vous avez le cœur bien
accroché, les images sont choc !
Sur
la seule période 1950-2009, l’Everest a connu 210 morts dont 139 alpinistes
occidentaux et 71 sherpas. Ce qui fait un taux de mortalité de 1,52% chez les alpinistes
et de 0,97% chez les sherpas.
Avec
1,52% de mortalité, l’Everest est en dessous de la moyenne des sommets de
l’Himalaya (1,55%).
Le sommet
le plus meurtrier du Népal est le K2 (qui n’est pas dans ces statistiques car
en dehors de l’Himalaya) dont le taux de mortalité était de 29% depuis la
première (chiffre de 2013 : 89 morts, 306 alpinistes arrivés au sommet).
Les principales
causes de décès :
Sur
l’ensemble des sommets himalayens, et au-dessus des camps de base, la 1ère
cause de décès chez les alpinistes occidentaux (608 morts entre 1950 et 2009) est
la chute (39% des décès), suivi par les avalanches (28,8% des décès) puis par
le mal des
montagnes (7,6% directement, mais celui-ci est très souvent à
l’origine d’une autre cause de décès en provocant, par exemple, une chute). Voir
mon article sur le MAM, mal aigu des montagnes. Les crevasse ne représentent
que 2,5% des accidents mortels.
Cet
autre graphe particulièrement intéressant de l’Himalayan Database détaille les
principales causes de décès dans le massif de l’Himalaya en fonction de
l’altitude.
On y
constate 22% des alpinistes occidentaux sont morts en dessous de l’altitude du
camp de base (5.350m) de l’Everest, essentiellement du fait des avalanches et
des « autres causes » mais en fait le mal des montagnes est souvent à
l’origine de la cause flagrante du décès. Mon Frère Myke a publié aujourd’hui
(7 mars 2017) un article sur la mort d’un alpiniste australien à Lobuche
(4.910m), mort d’épuisement du fait du MAM.
Au-delà
de 5.500m, en très haute montagne, les chutes deviennent une des principales
causes de décès.
Sur
un autre graphique, on peut constater que 3,1% des décès des alpinistes occidentaux interviennent
en moyenne montagne lors du trek du camp de base (15,6% pour les
sherpas !!!), et que le gros des décès, 44,4%, interviennent dans la
marche d’approche vers le camp de base d’attaque.
Les
causes de ces 44,4% de décès liés aux étapes entre le camp de base et le camp
d’attaque sont principalement dues, pour moitié, aux avalanches, qui sontle risque N°1 entre 4.000m
et 7.000m d’altitude.
Conclusion :
Quand
on me dit qu’un quart des alpinistes qui tentent l’Everest y laisse leur peau,
c’est faux, il ne faut pas confondre avec le K2. Le taux de mortalité depuis 1950 est de
1,52% et est très forte baisse chaque année du fait de la technicité
des vêtements, des équipements des voies…
En plus, je ne vais pas au sommet et dans les basses altitudes ce taux diminue
considérablement, les ¾ des décès interviennent au-dessus de 6.500m. A noter, ¼
des décès ont lieu entre 6.500 et 7.000m !
Donc
tout va bien. Pas pure précaution j’ai pris une assurance spécifique
rapatriement, assistance, et j’ai rédigé mes dernières volontés, mais vraiment
parce que je suis hyper prudent et prévoyant.
Annexe : l’Everest
et ses morts, l’Everest cimetière de braves…
Au-dessus
du camp IV, les efforts sont tels qu’ils ne peuvent être consacrés à la récupération
des cadavres aussi, sauf exception, ceux-ci restent là où leur hôte est mort.
Certains servent de repère aux alpinistes, comme « Green Boots » - un
des plus connus - où quand on le
dépasse, on sait exactement combien de temps il reste jusqu’au sommet… L’Everest
est un cimetière à ciel ouvert !
Un
des plus connu des cadavres de l’Everest est « green boots ».
Green
boots, c’est
le surnom d’un alpiniste inconnu, occidental ou sherpa, on ne sait pas, qui
aurait succombé à priori lors de la tempête de 1996 (celle de l’histoire du
film « Everest ») et qui est devenu un repère pour tous les
alpinistes qui s’attaquent au sommet par le nord (Tibet). Le corps est à 8.460m
entre le camp d’attaque (le camp 5 côté nord, et les derniers obstacles
techniques de l’ascension). Il avait des bottes vertes, ce qui est assez rare
dans la gamme des chaussures thermiques de haute montagne (voir mon article sur
les chaussures) d’où son surnom. La photo ci-dessus est aussi une des plus
connues des cadavres de l’Everest. Son corps était soudé à la roche à cause du
gel (il ne fait jamais plus de -25° à cette altitude) mais il paraît que depuis
2014 on ne le voit plus, qu’il aurait été déplacé et enseveli par la neige…
Green
boots était aussi le symbole du « chacun pour soi » qui prévaut dans
la death zone (> 7.900m) ou l’Esperance de vie est de… 48 heures et où,
contrairement à la philosophie des montagnards, il n’est pas question de
risquer sa vie pour sauver celle d’un inconnu. Chacun pour sa pomme… pas besoin
d’aller au-delà de 8.000m pour connaitre cela, venez travailler dans ma banque
à 33m d’altitude (Paris), vous saurez de quoi on parle !
L’autre
cadavre illustre de l’Everest s’appelle George
Mallory !
Lui, c’est
par forcément le plus connu mais c’est mon préféré. Pour plein de raison. D’abord
il toujours voulu escalader l’Everest et
quand on lui demandait pourquoi il répondait « beacause it is there »
et c’est devenu une maxime de base pour tout amateur de montagne. Il a tenté,
il y est resté, en 1924…. Et on n’a jamais su s’il était allé au sommet, ça
reste un des mystères de l’Everest.
Ensuite
parce que dans le film « Meru » (un chef d’œuvre, le plus beau film extrême
en montagne) il est dit que le héros Conrad Enker, le vainqueur du Meru, la
plus difficile montagne au monde, est devenu célèbre en découvrant en 1999, 75
ans après sa mort, le corps de George Mallory. Et enfin, le corps est tellement
décomposé qu’il donne une idée d’Avant et Après l’Everest… j’ose la blague…
Puis
un autre exemple de cadavre illustre (il y en a plus d’une centaine, fallait
bien choisir), David
Charp,
mort en 2006, lui, il me scandalise. Il est mort près de « Green Boots »
lors d’une ascension en solitaire (bon d’accord, il y en a qui cherche les
complications, moi j’ai une assurance vie, Myke) il s’est retrouvé en hypothermie
et a voulu rejoindre une grotte qu’il n’a jamais atteinte mais dont il montre l’entrée
à tous les alpinistes. Encore un cadavre repère. Jusque-là, son histoire est un
« incident » classique sur la voie du sommet de l’Everest, mais là où
ça devient choquant, c’est qu’une quarantaine de grimpeur lui sont passé à côté
pendant deux jours, voyant qu’il était en vie et incapable de s’assumer et qu’aucun
ne s’est arrêté, qu’aucun lui a proposé son aide, qu’aucun lui a porté secours.
C’est absolument contraire à toutes les règles (ce ne sont même pas des règles,
mais des comportements naturels) de l’alpinisme où la priorité n’est pas le
sommet mais la survie de la cordée et des gens que l’on croise, la solidarité.
Bon d’accord, je n’ai jamais été dans la death zone, je n’ai jamais été plus
haut que le mont-blanc jusque-là… et peut-être que l’instinct de survie efface
les règles de base de cette noble discipline, mais quand même…
Son
corps a été récupéré en 2007 et descendu, au moins un des cadavres des plus de
8.000 qui aura eu une sépulture traditionnelle.
Et
enfin, on pourrait rajouter le cadavre de Rob
Hall le
héros du film Everest, lui il avait les valeurs de l’alpiniste, il a voulu
aider un de des amis à accomplir le rêve de sa vie, mais il a déconné, il a
oublié les règles de base de la haute montagne, c’est elle et le climat qui
dicte sa loi qui s’impose à toi, il a oublié les fondamentaux de la survie au
profit des élans du couer… c’est respectable. Le respect est un dû, l’estime
est un choix personnel et il a la mienne, il est mort pour une belle cause.
Mémorial Scott Fischer - Photo Antoine Bousquet mai 2017 |
Mémorial Rob Hall - Photo Antoine Bousquet mai 2017 |
Photo Antoine Bousquet |
Photo Antoine Bousquet |
L’Everest est un cimetière. 16 morts en 2014 dans une avalanche, 21 au camp de base en 2015 lors de l’avalanche déclenchée par le tremblement de terre, une vingtaine de mort en 1996 lors de la tempête (celle du film)… etc…
Si
bien que des expéditions sont organisées pour récupérer les cadavres qui
trainent au bord du chemin. L’état népalais a monté plusieurs expéditions pour
cela en demandant à ses membres de ramasser au passage les déchets que les
alpinistes balancent pour alléger leurs sacs. L’Everest est un cimetière et une
poubelle, je ferai peut-être un autre article sur ce dernier point…
Alors... Ça a bien marché ? Vous êtes revenu heureux de votre voyage ? Merci pour cet article :-)
RépondreSupprimerJe préfère mes petites montagnes savoyardes, là où il y a de l’oxygène et des montagnards sympas et non individualistes !
RépondreSupprimerJe préfère randonner dans mes montagnes savoyardes, là où il y a une majorité de vrais montagnis qui sont toujours sympas, généreux, ont une certaine conscience d’abandonner leur projet s’il faut secourir une personne : pas d’individualiste ici !
RépondreSupprimerImpressionant, la passion repousse les limites de la vie parfois jusqu'à la mort, il faut se méfier des passions si l'on veut vivre longtemps et les vivre si l'on veut croquer la vie à pleine dents.
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