jeudi 16 février 2017

Le Mal Aigu des Montagnes (MAM)


MAM – Le Mal Aigu des Montagnes

C'est l’ennemi N°1 avant le vent, le froid, la neige, la pluie…
Il est TRES DANGEREUX car il est MORTEL : œdème pulmonaire et/ou œdème cérébral. Au stade de l’œdème, vous n’avez plus que quelques heures à vivre, à consacrer exclusivement à une descente très rapide en urgence absolue, à défaut de descendre, c’est le coma et la mort.

Il ne faut surtout pas prendre le MAM à la légère, il faut absolument écouter son corps et surveiller son acclimatation à l’altitude et le cas échéant adapter, modifier son programme, ralentir, faire une pause, faire une journée d’acclimatation… C’est pour cela que je ne recommande pas le Diamox. (accélérateur de ventilation pulmonaire). Certes il assure un confort en évitant les petites nausées, les légers mots de têtes que l’on aura tous plus ou moins dès Namche Bazar, mais il cache les premiers symptômes du MAM et lorsque ceux-ci se déclareront, il sera déjà trop tard pour adapter son rythme, la seule issue sera de redescendre d’un ou deux paliers (1 pallier = 400/500m) pour y faire une journée d’acclimatation, du temps perdu pour rien alors qu'il suffit d'y aller doucement, progressivement. 

Les Symptômes :

Ils peuvent intervenir quelques heures (4 à 8h) après avoir atteint une altitude de 3.000 à 3.500 m.
La commission médicale de la FFME (Fédération française de la montagne et de l’escalade) a établi un système de notation des symptômes pour qualifier le niveau de Mal Aigu des Montagnes :

1 point         Céphalées (maux de tête)
                    Nausées et anorexie (perte appétit)
                    Insomnies
                    Vertiges, sensation de tête dans du coton

2 points      Céphalées ne cédant pas aux antalgiques 1g aspirine
                   Vomissements

3 points      Essoufflement au repos
                   Asthénie : Fatigue anormalement importante
                   Baisse du volume d’urines (diurèse)

De 1 à 3 points =   MAM léger.           Prendre un antalgique (Ex : doliprane 1000)
De 4 à 6 points =   MAM modéré.      Antalgique, repos, stopper la progression en altitude
> 6 points =           MAM sévère         Descente urgente (et/ou caisson hyperbare) obligatoire

En cas d’œdème localisés : yeux, face, mains, chevilles, la descente urgente est obligatoire.

Les symptômes de l’œdème Pulmonaire de Haute Altitude (OPHA)
Ils apparaissent en général la nuit après une journée intense.
              Sensation d'étouffement
              Respiration bruyante
              Les lèvres et les oreilles deviennent bleues (cyanose)
              Des crachats mousseux, parfois roses (sang) peuvent apparaître.
              Fatigue très intense
             Toux sèche (pas toujours)

Les symptômes de l'Oedème Cérébral de Haute Altitude (OCHA)
              Lassitude extrême
              Vomissements (parfois brutaux et en jet)
              Le mal de tête devient épouvantable et n'est plus calmé par l'aspirine.
              Difficulté à se tenir debout
              Vertiges
              Possible comportement bizarre (abattement, agressivité…)
Dès que ces symptômes apparaissent, très vite le sujet tombe dans le Coma et meurt en quelques heures.
En cas d'OPHA ou d'OCHA, la descente de toute urgence est obligatoire (mais souvent rendue difficile par le comportement du malade). Il faut ensuite trouver rapidement un poste médical pour un placement en caisson hyperbare et réaliser une injection de corticoïdes.


La cause du MAM : une mauvaise adaptation à la baisse de la pression atmosphérique et de l’oxygène lorsque l'on monte en altitude. Il faut laisser le temps au corps de s’acclimater (création de globules rouges dans le sang pour pallier au manque d’oxygénation du sang).

Pour l’éviter, il convient :
(1) de monter progressivement en altitude et de construire son itinéraire et ses étapes en tenant compte d’une ascension de 300 à 500 m (maxi) de dénivelé par jour en dormant – si possible – 100 m en dessous du maximum atteint dans la journée.
(2)   Faire une pause de 5 à 10 minutes toutes les 1/2h pour s’hydrater et laisser le sang se réoxygéner.
(3)   De marcher lentement, très lentement, et surtout éviter des efforts inutiles ou intenses au début du trek (commencez tranquillement, ne faites pas Lukla à Namche Bazar en une seule étape de 10h).
(4)   De faire une étape d’acclimations tous les 3 jours (1.000 m de dénivelé) en faisant une petite ballade de ~500 m de dénivelé ce jour-là.
(5)  De boire beaucoup d’eau, de thé, de soupe… (3 litres par jour)
(6)  Pas d’alcool, pas de tabac.
(7) Dormir en surélevant légèrement le haut du corps (et boire la nuit)
(8) Si vous commencez à avoir les symptômes du MAM, ne pas aller plus haut jusqu’à ce que les symptômes diminuent, faire une étape d’acclimatation.
(9)  Si les symptômes perdurent ou augmentent, il faut redescendre d’un pallier (300 / 400 m minimum) et faire une étape d’acclimatation.

IMPORTANT : les personnes ont un rythme d’acclimatation différent et comme toujours en montagne, le rythme du groupe / de la cordée, est celui du plus lent !



 

4 commentaires:

  1. Dommage que vous ne parliez pas du test à l'hypoxie réalisé par certains services hospitaliers spécialisés, ni des travaux du Professeur J.P. Richalet, ni de ceux du Dr Manu Cauchy à I' Ifremmont sur le MAM et ses conséquences, OCHA et OPHA !! Il faudrait aussi dire que 3% des gens ne s'adapteront jamais à la haute altitude, en raison d'une pathologie génétique qu'un test permet de dépister.

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    1. Merci pour votre commentaire pertinent. Vous avez raison mais j’ai considéré que le trekkeur ou randonneur qui veut s’aventurer sur les sentiers de l’Himalaya a déjà réalisé quelques ballades dans les Alpes, dans les Pyrénées ou ailleurs et que par conséquence il sait s’il fait partie, ou pas, des trois à quatre pourcent de gens qui ne supportent pas l’altitude. A défaut, on peut effectivement lui recommander de réaliser un test d’effort sous hypoxie afin qu’il vérifie que tout va bien de ce côté-là. Personnellement j’ai fait un simple test d’effort pour jauger mes capacités physiques et je recommande à tout trekkeur de plus de cinquante ans d’en faire de même. J’avais aussi un oxymètre qui me permettait de contrôler mon rythme cardiaque et la saturation en oxygène dans le sang, mais je n’ai pas été convaincu de son utilité (ou de sa qualité).
      N’étant pas un expert médical, je ne développerai pas davantage et ne me permettrait pas de commenter les nombreux travaux scientifiques sur le sujet, aussi je ne peux qu’inviter mes lecteurs à consulter les sites spécialisés pour l’aborder sur un angle médial ou scientifique. Le MAM est une des premières causes d’abandon sur les sentiers du Népal aussi une bonne information sur ses symptômes et les moyens de l’éviter est important.

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  2. Bonjour Antoine,
    Je suis à Namche à l’heure où j’écris ce message et je tiens à te féliciter pour ces articles. Clairs, bien fait, constructifs, et tellement réalistes!
    Nous rentrons d’un trek sans sherpas ni guide avec nos sacs de 6 kg et 20 litres(oui on venait de Birmanie juste avant, inutile de dire que les choix ont été drastiques!) et on s’est régalés. Comme quoi, on est pas trop mauvais, nous avons fait exactement ce que tu écris sans même avoir pris connaissance de ton blog avant! Aussi bien niveau matos que profil de route.
    À tous les futurs lecteurs, suivez ce blog à la lettre et votre virée népalaise sera un vrai voyage plaisir!
    Continue comme ça et si tu fais des newletters ajoute mon mail!

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    1. Hello Jay ! Merci pour ce commentaire sympa.
      Namche ! J'ai adoré! Et j'envisage d'y retourner en avril 2019 pour faire découvrir ce paradis sur terre à mes 3 enfants. Surtout, si tu peux, va au "Liquid Bar" pour la projection du film quotidien de 19h, tu y croiseras tous les grimpeurs (les vrais, en expédition) en acclimatation à Namche, c'est là où j'ai rencontré Jamling Tensing Norgay, le fils de sherpa du Sir Hillary. Un bar unique au monde. Have fun, prends du plaisir, c'est le plus important. Antoine

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